Chers lecteurs,

pour mon premier article, je n’ai pas choisi de vous vanter les charmes de la magnifique île de Cuba, mais plutôt de vous parler d’une réalité crue que vit actuellement – et à nouveau – le peuple cubain. Il s’agit de l’embargo imposé par les Etats-Unis sur Cuba, qui continue d’affecter le peuple cubain dans tous les aspects de la vie.

Je ne suis pas cubaine, mais je connais très bien ce pays y vivant à moitié et en y développant notre activité de casa particular.

L’histoire du blocus des Etats-Unis sur Cuba débute en 1961. Jusqu’à la fin de l’investiture d’Obama, il y avait eu peu de changements dans la politique des Etats-Unis envers Cuba. Le président Obama, avait tenté, contre un congrès défavorable, une ouverture et un dégel des relations diplomatiques. L’embargo n’a jamais été levé, mais Obama avait réussi à ouvrir le tourisme nord-américain vers Cuba. Auparavant, les nords-américains devaient demander un permis pour se rendre à Cuba et s’y rendre pour une raison précise, telle qu’un échange universitaire, dans le cadre d’une recherche, dans le cadre d’une mission « humanitaire », mais en tout cas pas pour faire du tourisme. Avec l’administration Obama, les touristes américains ont pu finalement recommencer à visiter Cuba en 2015.

Cette ouverture a été de courte durée. En effet, l’investiture de Trump en 2017 ne présageait rien de bon. Et sans attendre, en juin 2017, les accords passés sous l’ère Obama sont rompus et la nouvelle administration impose à nouveau des restrictions plus sévères sur les voyages des citoyens américains à Cuba.

Pour nous, gérants de casa particular à Cuba, les effets se sont faits ressentir cette année. Déjà, une baisse dans la fréquentation touristique, ensuite, par d’autres restrictions. Par exemple, le 13 juillet de cette année, tous les propriétaires de casa particular et gérants d’hôtel qui ont leur annonce publiée sur le site Booking.com ont reçu un mail de la part de la plateforme de réservation leur signifiant qu’étant donné que l’entreprise mère, Booking Holding, a des filiales aux Etats-Unis, la compagnie doit se conformer avec les sanctions commerciales nord-américaines contre Cuba. La mesure choisie a été d’annuler tous les commentaires des clients sur Booking.com, à propos des logements à Cuba. Personnellement cette mesure m’a fait sourire, mais ayant mis récemment mon annonce sur Booking.com, je n’étais pas vraiment pénalisée. Par contre, les propriétaires de casa particular qui ont travaillé d’arrache-pied durant des années afin de récolter les meilleures commentaires et d’attirer ainsi d’autres futurs clients ne devaient pas vraiment trouver la blague de bon goût..

La dernière mesure en date m’a moins fait sourire. Afin de recevoir les paiements de mes clients de Booking.com, ces derniers émettent une carte de crédit virtuelle et à moi ensuite de me débrouiller pour faire parvenir l’argent de la carte sur mon compte. A la base, c’était déjà problématique, mais j’avais finalement réussi à trouver une solution avec un site qui s’appelle Stripe. Les transferts fonctionnaient, quoique coûteux, mais c’est le prix à payer pour avoir une annonce sur Booking.com! Cela a fonctionné durant quelques mois jusqu’à ce que, il y a deux semaines, une carte virtuelle est refusée par Stripe. Après avoir perdu un certain temps à savoir ce qui clochait et avoir eu une deuxième carte virtuelle refusée, j’ai appris que Stripe n’acceptait plus de paiements émanent d’un business à Cuba. Je dois dire que là, c’est beaucoup moins drôle!

Personnellement, je n’ai pas un besoin vital de revenus, parce que j’ai la chance d’être née en Suisse et d’y avoir un emploi. Par contre, je suis dégoûtée pour mes collègues cubains qui eux, n’ont pas la même chance et ont cruellement besoin d’avoir un revenu.

A quoi sert un embargo? A faire mourir les gens de faim? Si c’est à cela que ça sert, c’est bien joué! Parce que les cubains, ça fait depuis 1962 qu’ils vivent avec un embargo des Etats-Unis et qu’ils n’ont pas lâché, qu’ils ne se sont pas pliés aux exigences des gouvernements nord-américains successifs. D’ailleurs, cela dure depuis si longtemps, je crois bien que tout le monde a oublié quels sont les exigences des Etats-Unis envers Cuba afin que l’embargo soit levé! Cela n’a plus aucun sens, cette mesure n’est pas tournée vers l’avenir, mais vers un passé qu’il est temps de laisser derrière.