J’ai déjà pas mal voyagé jusqu’ici. Pas seulement. J’ai posé mes valises quelques fois, entre l’Afrique de l’ouest et les Caraïbes. On sait que c’est très différent, de faire le touriste ou d’immigrer de façon plus ou moins durable.

Tout au long de ces expériences, j’ai analysé les interactions entre les différentes cultures et cherché à comprendre le genre humain.
J’ai travaillé et travaille encore dans des pays dont on dit qu’ils sont sous-développés, du tiers-monde,… des thermes issus d’un discours occidento-centré. Selon mon expérience, il n’y a pas une seule forme de développement, qui serait purement économique. Il y a d’autres formes de développement qui se valent tous autant les uns que les autres. Le développement culturel, social, spirituel… Ceux qui caractérisent d’ailleurs les pays qu’on appel sous-développés, comme Cuba.

Ainsi, lorsqu’un touriste occidental prévoit un voyage à Cuba, il s’est déjà construit une image du pays qu’il va trouver, en croyant savoir dans quelle situation les gens y vivent. Dans son imaginaire, construit au travers de différentes lectures, informations cherchées sur le net, au travers des médias occidentaux, récits de voyages d’autres occidentaux, il voit le cubain comme un pauvre bougre, une victime, qui subit un régime autoritaire. Il apprend qu’il est en manque de tout, de stylos, de savons et d’autres types de produits essentiels à sa vie quotidienne. Le touriste veut bien faire. Ou alors peut-être veut-il se déculpabiliser de passer ses vacances dans un pays pauvre, lui, avec tous ses privilèges?

Alors laissez-moi vous rassurer. A Cuba, on trouve de tout! Oui il y a des stylos, oui, il y a du savon, oui, il y a de l’aspirine et d’ailleurs bien moins cher que dans les pays occidentaux, voire donné par l’Etat.
Le problème est que comme tout le monde, les cubains vont jouer le rôle qu’on leur a assigné. Il ne vont jamais rechigner à recevoir des « cadeaux », même s’ils n’en n’ont guère besoin. Ils ne vont pas se rebeller contre l’image de victime que lui colle le touriste, justement parce que c’est ce que le touriste est venu chercher et il faut bien lui plaire.
Rendez-vous bien compte que ce n’est pas les cubains que vous allez fréquenter, qui sont propriétaires de casa particular, de bars, de restaurants, qui sont guides touristiques, chauffeurs de taxi, etc, qui sont parmi les plus pauvres. Eux se sont les plus riches, les plus privilégiés. Mais c’est souvent à eux que vous allez remettre votre matériel.
D’un autre côté, vous êtes vous déjà imaginé recevoir chez vous une personne inconnue et que celle-ci vous offre du savon? Quelle serait votre réaction? La première fois vous allez trouver ça drôle peut-être, mais si ça devenait une habitude? Et si des bus entiers de chinois commençaient à distribuer des bonbons à vos enfants qui jouent dans le parc ou même de l’argent? Contre une photo volée.. Seriez-vous d’accord? Quel signal cela donnerait-il à vos enfants? Je pense que très vite ils se diraient qu’il ne sert à rien d’aller à l’école, qu’il vaudrait mieux travailler à se rapprocher de ces touristes chinois qui distribuent allègrement de l’argent si on arrive à leur montrer qu’on en a besoin.

Alors que pouvez-vous amener à Cuba? Et bien c’est simple: votre ouverture, votre intérêt, votre gentillesse, votre amitié et bien sûr votre argent que vous dépenserez dans des entreprises locales, afin que les cubains puissent continuer à être indépendants, solidaires et vivre dignement.